A la recherche d’un soi perdu

Alda, 16 ans est une jeune lycéenne anxieuse. Elle n’a pas de joie de vivre. Et de fait, elle trouve qu’elle n’a pas eu « tant que ça » de moments agréables dans sa vie qui l’aideraient à la colorer d’insouciante gaieté. Elle n’a pas confiance dans son cercle d’amis. Elle ne se sent pas accueillie, elle ne se sent pas de semblables. On donne de bonnes raisons à ses difficultés en disant d’elle qu’elle est HPI avec peut-être un Trouble du Spectre de l’Autisme tant elle peut être renfermée sur elle-même quelquefois. Certes, elle semble discrète et aussi très présente, intelligente, créative, avec beaucoup de finesse et aussi de tristesse, de détermination et d’abandon… Une jeune fille pas simple à comprendre pour les autres et peut-être aussi pour elle-même.
Elle est comme beaucoup l’enfant de parents blessés qui n’ont pas pu lui conserver un foyer uni tant la cohabitation était génératrice de nouvelles blessures. Les parents bien que quelquefois surprotecteurs envers leur enfant, lui demandent aussi de la compréhension et de l’empathie pour ce qu’ils vivent et de l’autonomie dans ce qu’elle traverse. Ce faisant, ils parentalisent leur fille en la poussant vers le développement de comportements HPI et HPE.
Alda consulte parce qu’elle est anxieuse, très anxieuse. Elle a subi une agression qu’elle a dénoncé. Cette « sale histoire » l’a isolée des autres. Elle est différente. Elle ne se sent plus appartenir au groupe dans lequel elle avait des liens et des repères. Elle traverse l’enfer et elle espère du soutien de la part de ses proches, essentiellement ses camarades. Mais ceux-ci ne sont pas à la hauteur.  Ces jeunes maladroits, peut-être quelquefois égocentriques, comme quelquefois le père et quelquefois la mère, sont la source de grands moments de tristesse et de détresse chez Alda.
Elle ne dort plus, rumine, traverse de grands moments de solitude, d’insomnie et d’anxiété.

La proposition MOSAIC

La proposition thérapeutique Mosaic va pouvoir articuler 4 temps

1. une éducation psychoaffective qui lui donne les moyens, geste et vocabulaire, de l’empathie pour soi-même, de la Communication Non violente, pour vivre l’accueil de soi (Première séance).
2. un accompagnement à la connaissance de soi par une séance d’IFS (Internal Family System) afin de l’amener à rencontrer ses émotions et à accueillir et reconnaitre ses besoins (Deuxième séance).
3. un recadrage sur les avantages et inconvénients de la stratégie de repli qu’elle a mise en place (qui a exilé ses parts joie, sérénité, attention mutuelle) pour ne plus vivre que la défiance, et d’une autre stratégie qu’il reste à inventer qui lui permettrait de vivre en plénitude avec toutes ses émotions en vérité  (Troisième séance).
4. une reconnexion à elle-même, reconnectée à ses sensations désirées (Quatrième séance).

En 2ème séance : Elle se connecte à ses parts

Joie, Amour, Sérénité… Elles ont besoin d’expression libre, de ressourcement et de ressources vitales. L’Anxiété, qui est un ressenti qui exprime une peur intense et générale, se transforme en un doute quand elle se sent connectée aux autres parts. Rassurée, elle exprime qu’elle se sent construire des fondations pour tenir toute seule et s’exprimer comme une simple vigilance.
Une Grande Colère survient, elle a besoin de mouvement d’expression et de changement. Accueillie, elle exprime un besoin d’écoute des autres et d’elle-même et quand elle se sent écoutée, elle sent qu’elle a le désir de s’investir dans une attention mutuelle.

A l’issue de la séance, Alda sent qu’elle a vécu un moment lent et puissant d’apaisement, une découverte de soi. Il serait bon qu’elle puise vivre cela à chaque fois qu’elle en aura besoin et qu’elle puisse associer cette expérience à un ressenti de stabilité et de force.
Comme elle a fait du karaté étant jeune, il y a eu un jour du premier kimono , et ce jour-là  la rencontre d’une ambiance, du tatami, de la chorégraphie du groupe. C’était un premier jour d’une vie de karatéka…. Nous vérifions que ce jour là, elle ressentait également la joie, la sérénité, l’écoute mutuelle et une simple vigilance d’une pleine conscience. Alors je l’invite à se représenter elle-même en kimono blanc avec une ceinture orange dans une posture bien affirmée, épaules hautes, buste droit et jambes écartées pour élargir l’assiette de la stabilité. « Tu peux être en paix avec toi-même tout le temps même sans tatami. Sens qui tu es, par l’alliance et l’écoute de toutes tes parts ! ».

C’est incroyablement puissant, ce moment où elle s’est représentée dans son kimono blanc immaculé, la ceinture orange nouée autour de sa taille. Les souvenirs du dojo, du tatami sous ses pieds, et de la chorégraphie des gestes ont fusionné avec cette nouvelle image d’elle-même. C’était comme si elle avait créé un sanctuaire intérieur, un espace où elle pouvait trouver la paix et la force, même sans le tatami physique. Et ce sourire qu’elle a esquissé semblait refléter la transformation qu’elle vivait. C’était la lueur de la joie, du calme et de la détermination qui l’habitait désormais.
Le kimono, symbole de discipline et de maîtrise de soi, lui a offert une voie vers la sérénité.

Alda a peut-être quitté le dojo, mais elle a emporté avec elle cette force intérieure, cette capacité à se connecter à ses parts émotionnelles d’elle-même et à découvrir un nouveau moi. Quelle belle façon de transcender les épreuves et de trouver la paix en elle-même, même sans le tatami physique !

Ses parts vont continuer à l’accompagner dans ce voyage de guérison de ses traumas et de redécouverte de ses ressources. Alda est plus forte qu’elle ne le pense, et ce kimono imaginaire est son armure intérieure.

Le système de la famille intérieure

Lors de cette séance, Alda a rencontré quelques persona-personnages de sa famille intérieure. Nous avons travaillé avec les outils de l’IFS : Internal Family System qui permet de retrouver de l’énergie et de la cohérence en identifiant nos parts au travers des émotions que nous vivons. Les émotions enfouies, cachées, les émotions dominantes, quand elles se connaissent, se connectent , peuvent  accueillir les besoins qui les suscitent pour retrouver l’énergie des besoins accueillis.
Alda était dissociée et ne le savait pas. Par le dialogue entre ses parts, elle s’est désidentifiée de sa tristesse et de sa faiblesse et du recul  ou de la compliance qu’elle prenait comme stratégie d’insertion sociale . Elle peut maintenant apprendre à se connaitre elle même. Et elle va se trouver formidable bien sur. Car elle l’est. Et son self leadership s retrouvé rayonnera comme un charisme.