Les troubles paniques sont handicapants.
La personne sait très bien qu’il n’y a pas de danger réel à la situation qu’elle redoute mais son corps réagit comme si rien ne pouvait être pire. Pour soigner ces troubles, la psychanalyse pouvait mettre des années pendant lesquelles le patient restait comme dans une liberté réduite.
Aujourd’hui les thérapies stratégiques permettent d’aider beaucoup plus vite. Dans l’exemple ci dessous, je fais jouer ma patiente au « pire du pire » : la consigne est de chercher à dépasser par l’imagination, le risque de la situation redoutée et à laquelle on refuse de se confronter, mais en la connotant d’humour. Cela a pour effet d’activer dans le cerveau la zone de la fantaisie et de changer le fonctionnement habituel.
Voilà le texte d’une patiente, je pourrais vous en faire lire un grand nombre : à chaque fois, pour peu que le patient accepte de jouer et d’engager son imagination, les patients qui consultent arrivent tout repliés et éteints et ils repartent dynamisés et éclairés. Et souvent les troubles paniques diminuent puis disparaissent.
Mes patients sont géniaux ! Emerveillez vous avec moi:
- « Qu’est ce qui vous amène?
- J’ai des angoisses paniques.
- Quand est ce que cela se produit?
- Tous les jours? (Elle hésite à faire un tel constat ou à dramatiser. mais son ressenti s’affirme. ) Oui, tous les jours.
- Vraiment tous les jours? Donnez moi un exemple!
- Tous les jours où je ne reste pas au lit. Les jours où j’ai quelque chose à faire.
- Racontez un jour parmi les pires.
- (Elle souffle, prend une large respiration et commence à raconter avec peine.) Je me réveille , il est 6h45, je vais me préparer , pour aller passer un oral ou je sais que ça va mal se passer…. Les pieds sont lourds, je suis réveillée mais je ne peux pas sortir de mon lit, ça va paraitre extraordinaire, c’est comme si j’étais enterrée vivante et que je devais creuser pour sortir de la terre, tout est lourd .
- Je comprends. Je sens comme c’est lourd pour vous. Mais dites moi, qu’est ce qui serait pire qu’aller passer cet oral?
- Qu’est ce qui est pire qu’aller passer mon oral ? (Elle est interloquée, parce que ce pire là lui semble vraiment être le pire, elle l’a dit elle était comme ensevelie dans une tombe!)
- Oui, Trouvez un pire .. Mais un pire drôle. S’il vous plait.
- Un pire drôle! ça existe un pire drôle?
- Oui si vous choisissez de faire un pied de nez à la mort et à vos troubles paniques, ça existe. Vous pouvez les inventer. Allez y. Aidez moi à vous aider. Inventez un pire drôle.
- Aller passer 2 examens le meme jour? (Quand elle a des examens, elle ne rend pas son devoir par crainte qu’on lise un travail imparfait. Elle préfère avoir 0 plutot que 2 ou meme 8 ou 12 mais qu’on ait lu un texte qu’elle aurait produit)
- Oui , vous avez raison. Ce serait drôle! Qu’est ce qui serait pire qu’aller passer 2 examens le meme jour ?
- Que ces deux examens soient le meme jour et à la meme heure! (elle est narquoise.. une bonne façon de ne pas pouvoir rendre un devoir sans avoir ressenti l’impossibilité de rendre sa feuille)
- Qu’est ce qui serait pire ?
- S’apercevoir qu’ils étaient la veille et que je me suis trompée de jour . (Elle rit doucement)
- Qu’est ce qui serait pire ?
- Oublier mon nom, ne meme pas pouvoir écrire mon nom en haut de la feuille. (Elle est dans une jouissance profonde: elle se joue un bon tour, car tous les matins quand elle ne peut se lever elle est dans la disparition de soi… Et elle sent bien que là elle ramène TOUS ses matins anxieux dans le jeu.)
- Qu’est ce qui serait pire ?
- Se tromper de bus, se trouver à la plage… (Elle joue vraiment, ma patiente est animatrice bénévole de sports aquatiques pour enfants… Elle s’évade dans l’univers qu’elle aime.)
- Qu’est ce qui serait pire ?
- Se faire chier dessus par une mouette. (Elle éclate de rire.)
- Qu’est ce qui serait pire ?
- S’apercevoir que ce n’est pas une merde de mouette qui tombe du ciel mais une tortue…lâchée par la mouette (Elle est aux anges.)
- Vous êtes très fine et très drôle! Qu’est ce qui serait pire ?
- (Bonne fille, elle m’explicite son witz.) Eschyle, un poète grec de l’époque de Socrate est mort en se prenant une tortue sur la tete lâchée par une mouette…. Le pire qui pourrait m’arriver ce jour là ce serait que, là, alors que j’ai raté le jour de mes deux examens simultanés, que j’ai oublié mon prénom, que je me suis trompée de bus et que je me prends une tortue sur la tete, je me souviens subitement de mon prénom: Je suis Eschyle ou Socrate et je suis en train de mourir .
- Qu’est ce qui serait pire ?
- je suis morte, j’avais une vie et j’en profitais pas.
- Qu’est ce qui serait plus juste pour vous plutôt que tout cela?
- Que j’aille tranquillement à mes examens et que je réponde avec autant d’humour , de réactivité et de plaisir.
Le troubles paniques de cette patiente ont grandement diminué. L’esprit et ses sens sont libérés. Elle peut mieux ressentir ses sentiments et se connecter à ses besoins fondamentaux. Elle peut élaborer maintenant un projet pour des comportements et une vie qui soient plus justes pour elle. (Que l’angoisse, les fuites, les disparitions symboliques et l’autodisqualification t pour valider ses craintes de ne « pas y arriver ».
J’aime être thérapeute, et mes patients aiment aller mieux. Je suis pleine de gratitude pour les recherches en psychologie qui développent de tels outils et pour les maitres qui me forment.
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