La famille est un objet familier, connu de tous, mais pourtant vécu de façon absolument singulière par chacun de nous. Tous, nous avons ou nous avons eu une famille. Qu’elle ait été petite, grande, hyperactive ou casanière, en aucun cas elle n’a pu être ordinaire. Car il n’y a pas de famille ordinaire… Il n’y a pas de roman qui ne présente pas une histoire d’une rencontre qui va fonder une famille, un drame qui va la chambouler ou une romance qui va l’épanouir. Il n’y a pas de famille qui ne soit pas héroïque. Aujourd’hui les familles ne sont pas seulement singulières, elles sont aussi constamment étonnantes, surtout pour ceux qui y vivent.
La famille est le périmètre d’une action privée et secrète. C’est notre sphère privée, à la différence de la sphère publique, où nous vivons à la vue et aux sus des autres. Ce qui se passe dans la famille est sensé être intime…. Peut être même secret.
Regardons la boite à lettre
Une famille c’est les noms sur la sonnette, avec une complexité apparente, des noms de famille différents mais une famille légitime du simple fait de ce qu’elle s’affiche et s’annonce sur un faire part de naissance ou d’union. Famille composée, décomposée, recomposée, superposée, qui espère pouvoir dessiner et décider ce qu’elle vivra à l’épisode d’après mais qui sait ou ne sait pas ce arrivera … dans la boite à lettre …. qui changera le scénario…
Regardons à travers les volets
Une famille c’est l’ensemble uni que forment les parents et leur enfant. Mais on naît Maman ou Papa qu’à partir du moment où l’enfant arrive, d’où qu’il arrive, prévu ou imprévu, de lien biologique ou social. Ceux de la famille naissent ensemble et réciproquement à la famille, chacun avec son rôle social, hiérarchique et affectif attitré.
On voit des adolescentes vouloir devenir mère pour acquérir un statut de mère de famille plus valorisant que toutes les promesses que le système scolaire pourrait tenir. C’est un statut qui leur tient chaud. La famille est comme une matrice, un utérus pour ses membres.. Un utérus qui enferme et pose problème autant qu’il rassure.
Regardez-les entre eux
La famille est un groupe de personnes solidaires. un groupe d’appartenance qui me fait grandir et que je fais grandir, composé de ceux qui m’aident sans réfléchir ni calculer et que j’aide autant que possible. La famille c’est l’ensemble de ceux à qui je peux donner sans compter mais dont on attend qu’ils payent en retour! C’est la moindre des choses!
La famille a des interdits et des règles qui se renforcent ici et s’assouplissent là. La fessée, l’aliénation de l’épouse à l’époux, le mariage homosexuel, le pacte civil de solidarité, la procréation assistée, ont vu leur statut évoluer mais l’inceste est une règle immuable parce que par dessus tout, papa doit rester papa, maman doit rester maman et l’enfant doit rester l’enfant. Tout autre forme d’abus, de carence ou de dépendance est une source de souffrance et de danger pour les membres de la famille. La santé d’une famille tient à ce que chacun sache bien son rôle, le périmètre à ne pas dépasser et tout le jeu qui est à jouer pour que la famille soit tout à la fois solidaire, solide, constructive, évolutive, vivante, libre.
Dans la famille, chacun joue son rôle. En principe, il n’y a pas de traîtres, ni d’ennemi.
Vraiment ? quand on commence à avoir des ennemis dans la famille, quand on commence à être un ennemi pour soi même, à se sentir trahi ou à trahir ses promesses et ses désirs alors c’est qu’il y a une inversion, des rôles mal compris, qui s’excluent au lieu de se compléter… Ils ne cessent de vouloir se dérégler alors que l’individu et son égo-individualiste sont à la fois augmenté par la puissance et la sécurité de la famille et limités par leur appartenance familiale.
Pour aller plus loin, participez à un atelier d’Art familial sur les rôles dans la famille.
Librement inspiré du travail de Serge Vallon, « Qu’est ce que la famille, Fonctions et représentations sociales » édité dans Vie Sociale et Traitement 2006.