Mon enfant est perfectionniste, un peu, peut être beaucoup. Dois je me réjouir ou m’inquiéter?

Article publié dans catégorie : La boite à outils de votre art familial

Les troubles familiaux ordinaires – Le trouble de la confiance en soi et du perfectionnisme

Ils sont souvent perçus comme normaux.

Est ce normal d’avoir peur de mal faire, d’être perfectionniste de ne pas s’autoriser à prendre des initiatives, de rechercher toujours de l’aide, de ne pas avoir confiance en soi?

On trouvera tant de personnes apparemment normales ayant ce tempérament, qu’on se dira que c’est normal. C’est peut-être seulement une affaire de tempérament et que c’est inévitable…. Peut-être héréditaire d’ailleurs, qui sait?

L’art familial de la gestion des troubles ordinaires

On peut réguler les troubles ordinaires et s’en passer.

En quelques jeux pratiqués individuellement par les parents, ou les parents avec leurs enfants, le trouble du comportement de l’enfant peut disparaître, et avec lui, quelques causes, passées jusque là inaperçues.

Découvrons ces jeux et leurs effets avec une jeune mère et sa fille que sa mère trouve perfectionniste, et du coup pas autonome pour s’occuper seule…

Clara

Clara est une de ces nombreuses petites filles qui s’ennuient pendant le confinement. Sa maman est une des nombreuses mamans qui ne savent plus comment occuper son enfant sans la mettre devant un écran ou lui donner à manger.  Elle a tout essayé mais Clara refuse, s’ennuie, sollicite la maman occupée avec son travail et son grand garçon scolarisé. Clara revendique l’attention de sa mère et sa participation à répétée à toutes ses activités. Clara boude ou  « fait des caprices ».

La maman dit que la petite fille ne sait pas s’occuper seule, refuse de faire toute seule. C’est la maman qui doit commencer, aider, terminer. Elle finit par dire de sa fille qu’elle est « perfectionniste » et qu’elle critique toujours ce qu’elle fait quand c’est elle qui fait. Clara abandonne ses puzzles à peine elle les a commencés, elle déchire ses dessins dès qu’ils sont ébauchés.
La petite fille est souvent boudeuse quand on lui propose une nouvelle activité, comme si elle savait déjà qu’elle n’arrivera pas à faire aussi bien que ses frères aînés. Elle a compris qu’à 5 ans, surtout quand on est la plus petite de la famille, on ne fait jamais aussi bien que les autres. Elle apparaît comme timide inhibée devant toute proposition…. « Mais bon c’est normal, elle est comme moi »  dit la maman.

La maman a sans doute essayé bien des solutions. Clara est son 2ème enfant. Mais il faut le contexte particuliers du confinement pour qu’elle exprime une gêne.

L’enfant craint de mal faire. Elle sait le niveau d’exigence qui se pratique dans la famille. Elle admire sa maman qui sait faire tant de chose. Elle admire son aîné qui est tellement plus dégourdi qu’elle. Elle veut être aimée. Elle va être elle même exigeante dans ses réalisations.
Elle a besoin de pouvoir se pardonner de ne pas faire parfaitement. Elle a besoin d’apprendre à être bienveillante envers elle même. Elle a besoin d’observer qu’autour d’elle, les gens sont bienveillants envers eux même et savent se contenter de faire suffisamment bien, pour se conserver de la disponibilité pour eux même ou pour passer du temps avec les autres.

Les mamans sont naturellement portée à un haut sens critique, en particuliers pour ce qui concerne son enfant dont la sécurité dépend de la vigilance de la mère.
Les mamans témoignent en permanence de leur niveau d’exigence envers elle même. Et puisqu’elles sont éducatrices, elles expriment aussi des exigences envers leurs enfants: fais moi plaisir, dépêche toi, sois fort, fais des efforts…

Dans son inquiétude, les parents observent rapidement et évaluent vite les situations. C’est une nécessité vitale. Pourtant ils savent combien ils prennent du plaisir à observer leurs enfants, et à y découvrir la grâce de l’enfance.  La plupart du temps, les parents témoignent de la façon dont ils évaluent , et n’invitent pas à observer, ni à partager une observation… Partager une observation n’est pas dire je trouve que c’est beau ou que c’est réussi ou que c’est bien fait.. mais à dire, regardons ensemble… partageons un temps de plaisir avec  nos sens : écouter, sentir, regarder, gouter, ressentir, s’émouvoir…

 

La solution : 3 jeux

il est évidemment conseillé d’associer plusieurs parents à ces jeux.. On peut faire les 3 jeux en même temps ou consacrer une semaine à chacun. Selon l’age de l’enfant ou la qualité de la communication dans le groupe, les changements de comportements s’observent en seulement 3 à 5 semaines.  Attention à ne pas envoyer de signaux contradictoires en grondant pour un échec ou en jugeant de façon péremptoire les initiatives des autres.

Jeux 1:

Développer une compétence de la confiance en soi : ne pas craindre le jugement des autres et faire confiance à son propre système de valeur, accepter de donner de la valeur à son propre plaisir

S’observer soi même ( en tant que parent ou manager) et communiquer quand on relativise une exigence dans un domaine pour une nécessité ou un plaisir autre .
Le parent est invité à repérer ce qu’il ou elle exerce depuis longtemps l’art de savoir faire « suffisamment bien » et à en témoigner.
Il ou elle dira choisir de faire un repas simple et de se faire aider pour ranger le linge propre sans repassage pour se libérer du temps pour des activités avec ses enfants: devoirs scolaires du grand, jeux avec Clara.

Jeux 2:

Développer une compétence de la connaissance de soi : savoir s’adapter. Donner de la valeur à la compétence de bricolage et d’adaptation chemin faisant  (éventuellement s’apercevoir que personne ne peut jamais tout prévoir à l’avance et atteindre l’objectif prévu sans écart)

Valoriser les échecs ou plutôt la compétence d’adaptation qu’un ratage suscite

C’est Laetitia qui me donne l’exemple; le tas de linge propre en attente de rangement est si gros que Clara s’en est fait une cabane. le gâteau s’est mal démoulé, il ne ressemble à rien, je le sers en ramequins, avec des fruits .

Jeux 3:

Développer une capacité cognitive : développer le geste mental d’attention et de perception , et retarder le geste mental de jugement

Les parents sont invités à prendre deux fois par jour un temps pour vivre en actes conscients un temps d’observation et de perception, à y prendre du plaisir. Le premier temps sera un temps pour eux, le second temps un temps partagé.