Évaluation symptomatique des carences des Neurotransmetteurs du bien être psychique

Neurotransmetteurs et Régulation Polyvagale : Mécanismes Intégrés des États comportementaux

Les neurotransmetteurs (NT) constituent l’interface biochimique entre le système nerveux autonome décrit par la théorie polyvagale et les processus métaboliques. Leur équilibre dynamique régule les transitions entre engagement social (vagal ventral), mobilisation (sympathique) et immobilisation défensive (vagal dorsal), avec des implications cliniques majeures.

Un bon équilibre des neurotransmetteurs est indispensable à la santé mentale, physique et émotionnelle. Les signes de déficit ou d’excès doivent être pris au sérieux et peuvent souvent être améliorés par des mesures d’hygiène de vie, parfois complétées par un suivi médical personnalisé.

Cette synthèse intègre les avancées récentes en neurobiologie fonctionnelle pour clarifier les mécanismes d’action des NT et leurs déséquilibres pathologiques.

Le Lien Trauma-Système Nerveux

Le traumatisme peut avoir des répercussions durables sur le système nerveux autonome et les mécanismes de régulation neurobiologique. La théorie polyvagale, développée par Stephen Porges, offre un cadre scientifique pour comprendre ces impacts.

Qu’est-ce que la Théorie Polyvagale ?

La théorie polyvagale décrit comment le système nerveux autonome – en particulier le nerf vague – joue un rôle dans la régulation de notre santé et de nos comportements. Elle identifie trois états du système nerveux correspondant à une hiérarchie évolutive :

1. ventral vagal (sécurité sociale),
2. sympathique (mobilisation),
3. dorsal vagal (immobilisation).

Selon cette théorie, lorsqu’une personne est confrontée à une menace vitale grave et ne peut utiliser ni les stratégies de mobilisation(2)  ni les stratégies d’engagement social (1) pour s’en sortir, elle peut entrer dans un état de fermeture caractérisé par une réduction du flux sanguin, notamment vers le cerveau, et des caractéristiques dissociatives.

Les Neurotransmetteurs : Ce que Dit la Science

Les neurotransmetteurs sont des messagers chimiques cruciaux pour le fonctionnement cérébral. Ils transportent des signaux chimiques d’un neurone à la cellule cible suivante et sont essentiels au fonctionnement du corps.

Un déséquilibre dans la production ou l’utilisation des neurotransmetteurs peut influencer notre humeur, notre énergie, nos capacités cognitives et notre comportement. Ces modifications peuvent contribuer à l’apparition de troubles psychosomatiques ou émotionnels.

Certains mécanismes ont été particulièrement documentés:

1. Activation de l’axe HPA : L’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est facilitée par la libération de noradrénaline induite par le stress dans certaines régions du cerveau comme l’hippocampe et l’amygdale.
2. Inflammation et stress oxydatif : Le stress qui tend les plexus et immobilise, diminue le capacité respiratoire et amène le corps à fonctionner en carence d’oxygène, produisant une oxydation chronique: le stress oxydatif altère la flore intestinale. Le foie , les reins fonctionnent alors en surcharge, ce qui crée une acidose. Le cortisol crée un surplus du neurotransmetteur glutamate (GABA) qui, en excès, devient neurotoxique et génère des radicaux libres qui attaquent les cellules cérébrales.
3. Boucles de Rétroaction Neuro-Endocriniennes
   L’axe HPA module la disponibilité des NT :

    

   • Le cortisol augmente la recapture synaptique de la DA et de la 5-HT (→ risque dépressif)3.
   • L’ocytocine potentialise les effets GABAergiques dans l’amygdale (→ facilitation de l’engagement social)4

Neurotransmetteurs Principaux et Leurs Fonctions relatives aux états polyvagaux

1- Dopamine : Carburant de l’Action Dirigée

Elle joue un rôle dans le système de récompense, incluant le plaisir, l’excitation accrue, l’apprentissage, la concentration, la mémoire, le sommeil, l’humeur et la motivation.

La dopamine (DA), synthétisée dans l’aire tegmentale ventrale et la substance noire, module la motivation et la planification via ses récepteurs D1-D5. Son action sur le cortex préfrontal dorsolatéral facilite l’état vagal ventral en renforçant la perception de contrôle13.

• Niveaux optimaux (20-30 pg/mL plasmatiques) : favorisent l’initiative et la résilience face au stress.
• Excès (>50 pg/mL) : hyperactivité, impulsivité, addiction (activation excessive du circuit de récompense mésolimbique).
• Carence (<10 pg/mL) : apathie, fatigue chronique, procrastination (altération de la transmission striatale)14.

Les états sympathiques prolongés épuisent les réserves de DA via la surstimulation des récepteurs D2, entraînant un effondrement motivationnel caractéristique du burnout

2- Acétylcholine :

Ce neurotransmetteur joue un rôle clé dans la mémoire, l’énergie mentale, l’attention , la concentration,  l’imagination, la créativité, la curiosité et les fonctions musculaires : contraction, détente, réflexes. C’est le neurotransmetteur de Peter Pan , qui aime résoudre les problèmes et s’il n’en a pas, il en invente : Où est mon ombre?

3- Sérotonine (5-HT) : Stabilisateur de l’Humeur et de la Cohérence Sociale

Ce neurotransmetteur inhibiteur aide à réguler l’humeur, les cycles de sommeil, la sexualité, l’anxiété, l’appétit et la douleur.

La Sérotonine est produite à 95% dans l’intestin (cellules entérochromaffines), la 5-HT module simultanément l’humeur (via les récepteurs 5-HT1A limbiques) et le péristaltisme intestinal. Son action vagotrope potentialise la variabilité cardiaque, marqueur physiologique de la résilience émotionnelle14.

• Niveaux optimaux (50-200 ng/mL) : stabilité émotionnelle, adaptation sociale.
• Déficit : anxiété généralisée, TOC (hypoactivation du cortex orbitofrontal), constipation chronique.
• Excès : léthargie, rigidité cognitive (syndrome sérotoninergique)1.

L’axe intestin-cerveau, via le nerf vague, explique pourquoi les probiotiques Lactobacillus helveticus augmentent de 40% la synthèse cérébrale de 5-HT4.

4- GABA : Modulateur Central de l’Inhibition Polyvagale

C’est le principal neurotransmetteur inhibiteur du cerveau qui favorise le calme et réduit l’excitation corticale excessive via ses récepteurs ionotropes (GABA-A) et métabotropes (GABA-B). Il est en carence quand le corps est dans le circuit de mobilisation inquiète (2) et en excès il agit alors par le noyau du tractus solitaire  et module la transition vers l’état vagal dorsal (3) qui met le corps dans le circuit d’immobilisation (3),

• Niveaux optimaux (200-400 μmol/L) : relaxation physiologique, flexibilité cognitive.
• Carence : insomnie, épilepsie (désinhibition thalamocorticale).
• Excès : dissociation sensorielle, apathie (hyperactivation des interneurones hippocampiques)4.

Les benzodiazépines, en potentialisant les récepteurs GABA-A, reproduisent artificiellement l’état d’immobilisation défensive, avec des risques de dépendance3.

5- Noradrénaline (NA) : Médiateur de la Mobilisation Sympathique

Secrétée par le locus coeruleus, la NA prépare à l’action via ses récepteurs α1/β1-adrénergiques. Son pic initial (0-5 min post-stress) améliore les performances cognitives, mais l’exposition chronique induit une neurotoxicité hippocampique14.

• Plage physiologique : 100-500 pg/mL (salivaire).
• Excès prolongé : hypertension, anxiété phobique (surexpression des récepteurs β2 cardiaques).

Conséquences d’un déficit ou d’un excès de neurotransmetteurs

1. Dopamine

• Déficit :
  • Fatigue, manque d’énergie et de motivation
  • Difficulté à ressentir du plaisir (anhédonie)
  • Troubles de la concentration, lenteur intellectuelle
  • Risque accru de dépression, repli sur soi
  • Procrastination, perte d’initiative
  • Troubles moteurs (dans les cas sévères, comme la maladie de Parkinson)
• Excès :
  • Hyperactivité, agitation, impulsivité
  • Comportements à risque, addictions
  • Pensées rapides, parfois confusion
  • Paranoïa, hallucinations (dans les excès extrêmes, comme dans certaines psychoses)

2. Sérotonine

• Déficit :
  • Humeur dépressive, tristesse persistante
  • Anxiété, irritabilité
  • Troubles du sommeil (difficulté à s’endormir ou sommeil non réparateur)
  • Troubles alimentaires (compulsions sucrées, grignotage)
  • Baisse de l’estime de soi, repli social
• Excès :
  • Somnolence, léthargie
  • Diminution de la libido
  • Dans de rares cas, syndrome sérotoninergique (agitation, confusion, troubles moteurs, fièvre) en cas de surdosage médicamenteux

3. Noradrénaline (ou Norepinephrine)

• Déficit :
  • Fatigue, manque d’entrain
  • Difficulté à se concentrer
  • Baisse de la vigilance, troubles de l’attention
  • Hypotension, sensation de froid
• Excès :
  • Anxiété, nervosité, irritabilité
  • Insomnie, difficultés à se détendre
  • Palpitations, hypertension, sueurs
  • Sensation d’être « à fleur de peau »

4. GABA (acide gamma-aminobutyrique)

• Déficit :
  • Anxiété, nervosité, agitation intérieure
  • Perte de sens, Burn Out, « A quoi bon? » pattern
  • Difficulté à se relaxer, troubles du sommeil, ruminations, ressentiments
  • Risque accru de crises d’angoisse ou d’épilepsie
  • affection du microbiote intestinal (maux de ventre, surpoids ou anémie, intolérance alimentaire, maladie de Crohn, maladie de Ménière…)
  • Fragilité du film lipidique, pb de peau, perte des cheveux, rides précoces, perte d’élasticité de la peau
  • inflammation chronique ou généralisée : arthrose, …
  • Maladie autoimmune : polyarthrite, …
  • ( La médecine fonctionnelle continue à découvrir les liens entre le stress -> carence de GABA – > troubles fonctionnels métabolique et systémiques)
• Excès :
  • Somnolence excessive
  • Lenteur intellectuelle, difficultés de concentration
  • Hypotonie musculaire

5. Acétylcholine

• Déficit :
  • Troubles de la mémoire, difficultés d’apprentissage
  • Manque de concentration, confusion
  • Fatigue mentale
• Excès :
  • Crampes musculaires, spasmes
  • Hypersalivation, sueurs
  • Troubles digestifs

6. Glutamate

• Déficit :
  • Difficultés de mémorisation et d’apprentissage
  • Baisse de la vigilance
• Excès :
  • Hyperexcitabilité, agitation
  • Risque de migraines, troubles anxieux
  • Neurotoxicité (en cas d’excès chronique, peut endommager les neurones)

En résumé :
Un bon équilibre des neurotransmetteurs est indispensable à la santé mentale, physique et émotionnelle. Les signes de déficit ou d’excès doivent être pris au sérieux et peuvent souvent être améliorés par des mesures d’hygiène de vie, parfois complétées par un suivi médical personnalisé.

• Les déséquilibres en neurotransmetteurs sont souvent multifactoriels (génétique, alimentation, stress, maladies…).
• Les symptômes peuvent être variés et se chevaucher d’un NT à l’autre.
• Un bilan médical et, si besoin, un accompagnement spécialisé sont recommandés en cas de troubles persistants.

Impact du Stress Chronique : Données Scientifiques

Le stress chronique peut effectivement perturber l’équilibre des neurotransmetteurs, réduire en particulier  la dopamine et la production de sérotonine jusqu’à 50%  et conduire à une dépression et une susceptibilité accrue aux addictions qui apparaissent ainsi en conséquence secondaire à un stress post traumatique qui altère le fonctionnement métabolique es neurotransmetteurs.
C’est pourquoi il est intéressant de chercher à rétablir le fonctionnement métabolique, par tous les moyens possibles pour alléger la force de la dépression et trouver l’énergie minimum nécessaire à une accompagnement thérapeutique..

Pour le Traumatisme et la Régulation du Système Nerveux

1. Thérapies basées sur la théorie polyvagale : Les interventions axées sur la promotion de réponses autonomes saines et la régulation des réponses physiologiques peuvent aider les clients à mieux réguler et traiter leurs expériences émotionnelles.
2. Co-régulation : La co-régulation est le besoin biologique d’être connecté avec d’autres qui peuvent nous fournir sécurité, soutien, confort et validation.
3. Stimulation vagale non invasive : Augmente de 30% le tonus Gabaergique  ( voir tous les exercices de stimulation du nerf vague).
4. Jeûne intermittent : Stimule la neurogenèse hippocampique via la BDNF (+58% après 12 semaines).
5. Psychobiotiques : Bifidobacterium longum restaure la synthèse de 5-HT intestinale en 28 jours1.

Évaluation

1. Évaluation symptomatique plutôt que tests de neurotransmetteurs non validés
2. Histoire du traumatisme et évaluation de la régulation du système nerveux autonome

Interventions pour l’équilibre des neurotransmetteurs

1. Thérapies trauma-informées (EMDR, thérapie somatique, etc.)
2. Techniques de régulation du système nerveux (respiration, yoga, méditation)
3. Modifications du mode de vie 
4. Supplémentation ciblée selon les besoins individuels documentés
5. Suivi médical approprié pour les cas complexes

Approches Modification du mode de vie Validées :

• Exercice régulier, alimentation riche en magnésium et en aliments riches en tyrosine, activités qui procurent du bonheur ou de la relaxation
• Gestion du stress par méditation, yoga, thérapie
• Sommeil de qualité
• Soutien social

Suppléments alimentaires avec Preuves Scientifiques :

• Les acides gras oméga-3 peuvent avoir un impact positif sur la fonction des neurotransmetteurs.
• Vitamine D, magnésium, vitamines B, fer (selon les besoins individuels)
• Dopamine : Nécessite tyrosine (viande, amandes) + cofacteurs (fer, vitamine B6). Un déficit en tyrosine réduit de 60% la production de DA4.
• GABA : Synthétisé à partir du glutamate via la glutamate décarboxylase (nécessite magnésium et zinc) . le bouillon d’os peut etre une source naturelle
• Sérotonine : Dépend du tryptophane (œufs, chocolat noir) et du microbiote intestinal. Une dysbiose diminue de 70% sa synthèse.
  Le 5-HTP , spiruline tryptophane et griffonia supplémentaires peuvent aider à soutenir l’humeur.
• Acétylcholine: Le jaune d’œuf est une excellente source de choline, un nutriment essentiel à la production d’acétylcholine.

  D’autres aliments riches en choline et en vitamine B5, qui favorisent la synthèse de l’acétylcholine, incluent:

  • Poissons gras (saumon, maquereau, sardines)
  • Foie de poulet
  • Graines de tournesol
  • Champignons
  • Noix de pécan et arachides
  • Lait et fromage cottage

Déséquilibres Cliniques et Stratégies de Rééquilibrage

1. Signature Neurochimique des Troubles

Conclusion

Bien que le lien entre traumatisme, stress chronique et fonction des neurotransmetteurs soit scientifiquement établi, il est crucial de s’appuyer sur des méthodes d’évaluation et de traitement validées. La théorie polyvagale aide les cliniciens à comprendre comment le sentiment de sécurité ou de danger d’une personne peut impacter le comportement et la santé mentale.

L’approche doit être holistique, intégrant les aspects psychologiques, physiologiques et sociaux, tout en évitant les tests non validés et les protocoles de supplémentation non fondés scientifiquement.